« Se pouvait-il que son fils de dix-sept ans à peine, si doux d’ordinaire, puisse se transformer en cet être sanguinaire sous l’effet de la colère ? Foutu anniversaire, il servit de déclencheur à toute cette folie ! Il mit le feu à l’huile ! Même si les dommages avaient pu être jusqu’alors circonscrits, chaque jour la menace grandissait. La brûlure des rapports devenait accablante et elle ne prêtait plus à interprétation. Hier, on n’évita le pire que par l’épaisseur d’une armure.

« Je me dois d’en avoir le cœur net ! Le voir de mes propres yeux, comprendre pour lui qui ne se souvient de rien une fois sa crise meurtrière envolée. Laisser mon fils tuer à sa guise dès que sa folie le lui commande, c’est approuver un lion au milieu d’un troupeau de moutons. Il ne peut en être question ! Je reste sa mère. On m’appelle reine Vivpière l’invaincue ! On s’agenouille à mes pieds ! Je mène des troupes à la guerre ! Je trouverai le moyen de l’aider. Mais avant, je dois comprendre le mécanisme de cette démence que la mise en situation de danger ne peut que déclencher. Constater si sa rage osera frapper celui qu’il va affronter. Savoir si le bourreau, par l’horreur de son geste, se sentira aussi victime. Voir si son âme corrompue mérite qu’on la sauve ou qu’on la tue. »